La cohabitation entre lapins peut s’avérer particulièrement délicate à gérer, voire impossible à instaurer si vous ne placez pas vos animaux dans un environnement propice à leur rencontre et à leur épanouissement. Pourtant, la cohabitation avec un congénère est un élément essentiel au bien-être de votre lapin. Rassurez-vous : pour autant, rien d’impossible ! Suivez ce mode d’emploi pour garantir une cohabitation réussie entre vos boules de poils à grandes oreilles.
Pourquoi faire cohabiter plusieurs lapins ?
Calmer ses instincts
Nombreux sont les propriétaires à l’oublier : le lapin est un animal grégaire, au même titre que les moutons, les sangliers… ou même l’être humain. Cela signifie qu’il ne vit qu’en groupes, socialement organisés. Les lapins étant des animaux de proie, ce regroupement leur permet d’être plus réceptifs aux éventuelles attaques de prédateurs : leur vulnérabilité est compensée par le nombre d’individus et une capacité d’observation et d’écoute décuplée. De sorte que, dans la nature, un lapin isolé est presque systématiquement condamné (il s’agit d’ailleurs bien souvent d’un individu qui a été éjecté du groupe pour cause de maladie, par exemple).
Même dans le confort sécurisant de votre foyer, votre lapin conserve ses instincts. Comme toute proie potentielle, ses réflexes et ses sens sont en alerte perpétuelle. Sa survie est au cœur de ses préoccupations journalières. Privé de la présence rassurante d’un congénère, votre lapin aura fatalement tendance à être soumis à une quantité de stress majorée.
Lui offrir une vie sociale
Vous imaginez sans doute que votre seule présence et l’attention que vous lui consacrez permettent à votre animal d’éviter de sombrer dans l’ennui. Certes, le lapin éprouve de l’affection pour son maître… Néanmoins, essayez un instant d’inverser les rôles : imaginez-vous reclus au même endroit pendant toute votre vie, avec votre petit lapin pour seul compagnon. Seriez-vous épanoui en partageant toute votre existence avec un être vivant qui ne vous comprend pas plus que vous ne le comprenez ? Il est fort probable que non. C’est la même chose pour votre animal : il apprécie indubitablement votre présence et vos marques d’affections, mais elles ne sont pas suffisantes pour lui offrir l’épanouissement auquel il aspire naturellement.
Si vous offrez un compagnon à votre lapin, vous remarquerez rapidement que votre protégé se montre bien plus actif que d’accoutumé et inclut son nouveau partenaire dans ses activités quotidiennes : toilette mutuelle, sieste côte à côte, repas partagés, jeux et courses poursuites, etc. On ne s’ennuie jamais à regarder deux lapins mener leur petite vie !
Les précautions d’usage
Si adopter un deuxième lapin est une décision louable, elle ne doit pas pour autant être prise à la légère ! Avant de passer à l’acte, assurez-vous de vous poser les bonnes questions et d’envisager les pires scénarios pour éviter de vous retrouver démuni le jour J.
La place
De la même façon qu’il serait complètement déraisonnable de condamner un lapin à passer sa vie derrière les barreaux d’une cage, il est d’autant plus déconseillé d’en placer deux dans un espace réduit. D’une part, parce que cela influe considérablement sur leur bien-être. D’autre part, parce que la promiscuité augmente les risques de tensions et d’agressivité. Si vous adoptez un deuxième lapin, vous devez vous assurer de leur offrir une surface suffisamment grande pour que chacun puisse s’isoler s’il en éprouve le besoin. Par ailleurs, dans le cas où vos lapins ne parviendraient définitivement pas à s’entendre, il sera nécessaire de vous résoudre à les placer dans des pièces séparées.
L’argent
Un lapin, comme tout animal, coûte cher. La nourriture, les frais vétérinaires, les jouets, les accessoires… Tout cela sera potentiellement multiplié par deux dès l’arrivée du petit nouveau. Songez également que le nouvel arrivé aura peut-être manqué de chance à la naissance et nécessitera des soins vétérinaires coûteux. Dans tous les cas, vous devez être prêt à les assumer. Par ailleurs, toute cohabitation implique automatiquement une stérilisation / castration, même si vous faites cohabitez les deux mêmes sexes : comptez 200€ pour les femelles, un peu moins pour les mâles.
Le temps
Offrir un congénère à son lapin pour qu’ils se tiennent mutuellement compagnie, certes… mais cela ne vous autorise en aucun cas à les délaisser. Vous devez être en mesure de réserver un minimum de votre temps à chacun de vos deux lapins, tant pour entretenir les liens que vous avez tissés avec le premier que pour habituer le nouveau venu à votre présence. Par ailleurs, il vous faudra consacrer deux fois plus de temps au nettoyage de leur territoire et à l’entretien de leurs accessoires (litières, gamelles, etc.).
Le choix du deuxième lapin
Adopter ensemble ou séparément ?
Vaut-il mieux adopter directement deux lapins ensemble, ou bien prendre un second lapin quelques mois/années après avoir accueilli son premier animal ?
Dans la plupart des cas, les propriétaires choisissent effectivement de prendre un deuxième lapin quelques temps après avoir adopté leur premier lapin. Il s’agit sans doute de la solution la plus sûre : le temps passé auprès de votre animal vous permet de bien cerner son caractère et d’orienter vos recherches en conséquence vers un congénère « compatible ».
En revanche, adopter d’office deux lapins qui ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam semble un pari risqué. Les lapins aussi ont leur caractère, et rien ne vous garantit que le courant passera… Pour éviter la loterie, le mieux est d’adopter deux lapins dans une association : les bénévoles connaissent leurs protégés et savent lesquels s’entendent bien. Certains ne peuvent d’ailleurs être adoptés qu’ensemble pour garantir leur équilibre.
La question du sexe
Vaut-il mieux prendre un mâle et un mâle ? Une femelle et une femelle ? Un mâle et une femelle ?
Globalement, une seule configuration semble à déconseiller : une femelle et une femelle. Les femelles ont effectivement des instincts dominateurs particulièrement poussés. A l’état sauvage, ce sont souvent elles qui font la loi au sein du groupe. Les cas de mésentente entre femelles sont donc courants. Les mâles, quant à eux, sont considérés comme moins territoriaux et plus enclins à accepter un congénère dans leur environnement. Mais dans tous les cas, femelle/femelle ou mâle/mâle, il est indispensable de faire stériliser/castrer les deux lapins pour limiter les instincts territoriaux ainsi que les débordements agressifs liés aux comportements hormonaux.
Il est rare que les cohabitations entre un mâle et une femelle dégénèrent. Dans la majorité des cas, lors de l’établissement de la hiérarchie, la femelle va s’imposer comme dominante et le mâle l’acceptera. Sachez, par ailleurs, qu’il sera généralement plus facile d’introduire une femelle auprès d’un mâle que l’inverse. Une fois encore, pour des raisons évidentes, la stérilisation ET la castration sont obligatoires pour le bien-être de vos lapins (et le vôtre).
Néanmoins, l’entente entre deux lapins ne saurait se réduire à la simple question du sexe. Il s’agit avant tout de la compatibilité des caractères, une alchimie bien délicate à appréhender…
La question de l’âge
Vaut-il mieux choisir un lapereau ou un adulte ?
La question de l’âge n’est pas déterminante dans l’entente entre deux lapins et demeure, en ce sens, assez secondaire.
Néanmoins, songez que si vous introduisez un lapereau auprès de votre lapin déjà adulte, il vous faudra l’isoler de votre premier lapin jusqu’à sa stérilisation/castration. Sa puberté risquerait de s’avérer éprouvante pour le « maître des lieux », voire de donner lieu à des reproductions inopinées et dangereuses.
De même, il vous faut prendre en compte qu’a priori, le lapin le plus âgé « partira » en premier, laissant son compagnon de vie livré à sa solitude, à un moment où vous n’envisagez peut-être pas de reprendre un second lapin… Pour éviter ce triste scénario, essayez d’adopter des animaux d’âges relativement proches.
Organiser l’arrivée du deuxième lapin
Ça y est, vous avez pesé le pour et le contre, et vous avez adopté un deuxième lapin. Afin que la future cohabitation entre vos deux boules de poils se passe au mieux, il vous faudra faire preuve de patience et résister à l’envie de précipiter les choses. Vos lapins ne se rencontreront pas tout de suite…
Prévoyez une quarantaine
Etape indispensable. Dès l’arrivée du nouveau venu, vous devez lui consacrer un espace de vie dans une pièce à part, éloignée de celle où évolue votre premier lapin. Cet isolement permettra en premier lieu à votre deuxième lapin de se remettre des émotions liées à son soudain changement d’environnement. Mais il s’agit surtout de le maintenir temporairement à l’écart pour éviter la propagation de maladies éventuelles.
La quarantaine doit normalement durer un peu plus d’un mois. Bien entendu, veillez à ce que le petit nouveau soit bien installé et se sente à l’aise dans l’espace qui lui est réservé. Ne le confinez pas dans une cage, et laissez-le errer en liberté dans la pièce pour assouvir sa curiosité naturelle ou se cacher s’il en éprouve le besoin (sécurisez les fils électriques et les zones potentiellement à risques). Soyez attentif au moindre symptôme alarmant (apathie, écoulement oculaire ou nasal, éternuements, perte de poils, etc.). Il est d’ailleurs recommandé de profiter de la quarantaine pour effectuer une première visite chez le vétérinaire, même en l’absence de troubles. Lavez-vous les mains après chaque contact.
Nouez une relation de confiance
Cet isolement du nouveau venu est également l’occasion idéale pour faire plus ample connaissance. Votre petit deuxième doit s’habituer à vous, à votre présence, à vos bruits, à vos caresses et à vos soins quotidiens. Laissez-le seul les premiers jours de son arrivée : son acclimatation est déjà assez éprouvante. Lorsqu’il gagnera en confiance, il viendra de lui-même vous sentir et vous manifester son intérêt. Tout doit se faire progressivement, sans passer par du forcing. Lors de l’étape des présentations avec votre premier lapin, vous serez un point de repère crucial.
En parallèle, ne négligez surtout pas votre premier lapin. Son odorat et son ouïe sont très développés : même s’il ne le voit pas, il sait que votre maison abrite un congénère. Ce bouleversement dans sa vie ne doit pas lui laisser l’impression de s’opérer à son désavantage. Veillez à maintenir vos instants de complicité habituels pour le rassurer.
Gérer les présentations
Une fois que vous vous êtes assuré que le dernier arrivé est en bonne santé et que vous avez réussi à gagner sa confiance, vous pouvez envisager de passer à l’étape des présentations entre vos deux lapins. Plusieurs méthodes sont envisageables, mais aucune n’est parfaite : le plus gros du succès des premières rencontres dépendra de votre capacité à cerner les caractères de vos deux lapins et à aménager la rencontre en conséquence.
Gardez en tête que dans tous les cas, vos deux lapins mis en présence seront potentiellement en position de stress et que la situation peut rapidement s’envenimer. Faites preuve de douceur, de patience, et demeurez un spectateur silencieux pour ne pas perturber vos animaux.
La rencontre en terrain neutre
Une solution particulièrement recommandée si l’un de vos lapins est territorial. Par « terrain neutre », comprenez un endroit où aucun de vos deux lapins n’a encore eu l’occasion de déposer son odeur. La rencontre dans une telle zone sera propice à une exploration commune et à l’ébauche d’une certaine complicité. Évitez cette méthode si l’un de vos lapins est particulièrement craintif et panique dès que vous l’enlevez de son environnement habituel : la rencontre ne s’effectuera pas dans les meilleures conditions et risque de ralentir voire tout bonnement altérer les interactions entre les individus. La rencontre en terrain neutre demeure néanmoins la solution la plus recommandée.
La mi-rencontre
Si votre premier lapin est plutôt pacifique, vous pouvez envisager d’introduire directement le nouveau venu dans sa pièce de vie… mais derrière une grille (un enclos, par exemple), par mesure de sécurité (d’où le terme de « mi-rencontre »). Gardez en tête que leurs réactions demeurent imprévisibles… Les deux lapins auront ainsi tout le loisir de se sentir pour faire connaissance. A mesure que vous renouvelez les rencontres, si vos deux lapins vous semblent prêts et dénués d’agressivité l’un envers l’autre, vous pourrez enlever la grille, en maintenant toujours vos animaux sous surveillance. Faites néanmoins en sorte que l’étape de la grille ne s’éternise pas si vous sentez que vos lapins en sont frustrés.
Quand intervenir ?
Il est essentiel de laisser vos lapins faire connaissance sans que votre présence ne les perturbe outre mesure. Par conséquent, restez à proximité pour surveiller l’évolution des choses, mais en observateur silencieux et immobile. Si la première rencontre se déroule sans altercation et que vos deux animaux semblent s’accepter, profitez-en pour leur donner des friandises, de sorte qu’ils associent ce moment à une expérience agréable. Les premières rencontres n’ont pas besoin de s’éterniser : rallongez leur durée et resserrez leur fréquence petit à petit, selon les réactions des principaux intéressés, jusqu’à pouvoir les laisser ensemble toute la journée. Certaines cohabitations peuvent prendre quelques jours seulement, quand d’autres nécessiteront plusieurs mois. Ne cherchez surtout pas à forcer les choses et soyez particulièrement attentif aux réactions de vos animaux.
N’intervenez qu’en cas d’attaque sérieuse ou de panique manifeste de l’un ou l’autre des lapins. Les bagarres peuvent être choquantes pour un propriétaire, mais elles s’avèrent parfois nécessaires à la mise en place d’une hiérarchie naturelle : il y aura toujours un dominant et un dominé, c’est ainsi que fonctionnent les lapins. Évitez de vous laisser aller à l’anthropomorphisme : le dominé n’est pas malheureux pour autant ! En revanche, si l’agressivité prend des proportions rédhibitoires et que vous craignez pour l’un ou l’autre de vos lapins, séparez-les (attention aux morsures !) et envisagez une autre méthode de rencontre pour les fois suivantes.
Vous voici désormais paré pour gérer convenablement la cohabitation de vos lapins ! Bien entendu, ce qui est valable pour deux lapins le restera pour trois, quatre ou encore cinq lapins amenés à partager leur espace de vie… Mais attention à ne pas vous laisser déborder. A vous de jouer !
1 commentaire
Bonjour,
Mon lapin est actuellement libre, entre son enclos et sa cage qui est toujours ouverte. Penses tu qu’il est envisageable de n’avoir qu’une cage pour 2 lapins, si celle-ci est simplement un abris et qu’ils ont le reste de leur enclos ouvert pour se balader ? Ou vaut mieux avoir 2 cages ouverte sur l’enclos ?
Merci 🙂